Introduction
Les oiseaux De tous les animaux associés au milieu maritime, les oiseaux sont sûrement les plus visibles, non seulement parce qu'ils sont faciles d'observation mais aussi parce qu'ils sont nombreux et qu'on les retrouve dans presque tous les habitats. On rencontre dans le milieu maritime, y compris la zone côtière, plus de deux cents espèces d'oiseaux dont une centaine le fréquentent de façon plus spécifique. On y retrouve des Huants et Grèbes en bordure du littoral, des Pinsons et Fauvettes dans les boisés riverains, des Carouges et Chardonnerets dans les zones humides, des Hiboux et Busards sur le littoral découvert, des Godes et Guillemots en pleine mer, etc. Nous vous présentons ici quelques-unes des espèces les plus significatives des rivages du Bas-St-Laurent, région privilégiée pour l'ornithologie (étude et observation des oiseaux) grâce à la diversité des habitats.
Les Oies et Bernaches Ces oiseaux migrateurs sont parmi les plus gros à fréquenter notre littoral. Ils se nourrissent d'herbes et de racines de plantes aquatiques et deux des trois espèces rencontrées dans notre région sont très connues. La région de Montmagny-Cap-Tourmente est intensivement utilisée par l'Oie blanche au cours de ses migrations automnales et printanières. Mais l'augmentation graduelle de ses effectifs l'amène à se montrer plus fréquemment chez nous. La Bernache du Canada, couramment appelée Outarde, se distingue par son grand cou et la tache blanche de sa joue. Son vol groupé est tout aussi impressionnant que celui de sa cousine blanche. La Bernache cravant est quant à elle moins connue mais toute aussi abondante. De taille plus petite, elle est donc moins repérable dans le marais durant ses migrations. Ne s'y arrêtant que le printemps, elle peut cependant y demeurer pour de longues périodes et cela en groupes parfois très nombreux.
Les canards Les quelques vingt espèces de canards rencontrés fréquemment le long de notre littoral peuvent être regroupés en trois familles, soit les canards de surface, ou barboteurs, les canards plongeurs et les becs-scies. Nous ne parlerons ici que des deux premiers groupes. Ces canards se caractérisent par un envol presque vertical et le fait qu'ils ne plongent habituellement pas pour se nourrir. Ils s'alimentent de végétaux, par broutage ou filtration. On les rencontre régulièrement dans les habitats marécageux. Le Canard noir est sans contredit le plus caractéristique de ces milieux humides. Le mâle et la femelle sont semblables avec leur plumage brun marbré et le dessous des ailes blanc. La femelle du canard Malard peut être facilement confondue avec le Noir, parce que presque identique. Le mâle arbore cependant un plumage distinct, avec la tête d'un vert luisant. Aussi nicheur dans la région, le Pilet est moins abondant mais l'élégance sobre du plumage du mâle, avec les fins motifs de son cou et les longues plumes de sa queue, le rend très intéressant à l'observation. Les Sarcelles sont les plus petits canards rencontrés par ici. On distingue la Sarcelle à ailes vertes, avec sa tête brune et son "masque" vert, et la Sarcelle à ailes bleues, avec son croissant blanc sur la joue. Comme chez la plupart des oiseaux, les femelles se ressemblent beaucoup d'une espèce à l'autre. Elles sont donc moins repérables parce que mieux camouflées. N'ont-elles pas la responsabilité des jeunes! Comme leur nom l'indique, ces canards peuvent quérir leur nourriture en eau plus ou moins profonde. Ils sont plutôt carnivores. La plupart sont exclusifs au milieu marin mais certains, comme le Garrot à œil d'or, se rencontrent régulièrement sur les lacs du Haut-Pays. Parmi ces "exclusifs", citons le canard Kakawi, dont on entend courir le cri très tôt le printemps sur le fleuve. Avec son élégant plumage aux couleurs neutres et les longues plumes de sa queue, on l'a choisi comme emblème du Club des Ornithologues du Bas - St-Laurent. Cependant, le canard marin le plus typique de notre région est l'Eider à duvet. Gros canard blanc et noir (le mâle) ou brun (la femelle), il niche sur les îles et autres endroits isolés de l'estuaire. L'île Bicquette, à 5 km au nord-ouest de Bic, constitue d'ailleurs la plus grosse colonie d'Eider en Amérique du Nord. Ce canard apparaît le long du littoral continental dès le début de juin, après la naissance des jeunes. On le rencontre habituellement en "crèches", sorte de regroupements formés de plusieurs familles (mère-jeunes) auxquelles se joignent parfois quelques femelles solitaires. Ce phénomène social particulier aurait comme principal but la protection des jeunes contre les prédateurs, dont les Goélands. Les mâles se regroupent, quant à eux, plus au nord de l'estuaire. Le duvet de cet Eider est utilisé dans la confection de vêtements chauds, sacs de couchage, etc. On cueille minutieusement le duvet dans les nids, pendant et après la nidification. En fait, le mot "édredon" vient de l'islandais "oedardun": duvet d'eider. Ce groupe comprend les Pluviers, les Bécasseaux et les Goélands. Généralement apparentés au milieu maritime ou aquatique, leur régime est presque exclusivement carnivore. La majorité sont migrateurs. Le plus connu des Pluviers est le Kildir, nom qui vient de son cri strident et répétitif. Dans la région, il niche en terrain découvert, ce qui l'a amené à développer diverses techniques de diversion. Poussant des cris et feignant d'avoir l'aile cassée, il attire ainsi tout animal ou humain loin de son nid ou de ses jeunes. Le danger écarté, il y revient, laissant l'intrus ou le prédateur quelque peu déconcerté! * Les Bécasseaux migrent par dizaines de milliers. les plus petits, comme les Bécasseaux maritime et semi-palmé, sont des spécialistes du vol acrobatique en groupe serré, disparaissant à tout moment au gré de leurs virevoltes. Les plus gros, comme les Chevaliers, sont moins grégaires. La Maubèche, la Bécassine et la Bécasse se rencontrent également dans le Haut-Pays, en bordure des lacs ou dans les milieux humides. Les Goélands, quant à eux, s'accommodent assez bien de tout habitat, toute situation, toute nourriture... et même de l'humain! Le Goéland argenté est le plus commun chez nous. Chamailleur, bruyant et souvent prédateur, il est cependant un nettoyeur très efficace de notre littoral maritime. Les échassiers Deux oiseaux de même famille et aux mœurs assez semblables sont des figurants très réguliers de notre paysage maritime. Ce sont le Grand héron et le Bihoreau à couronne noire, que les gens d'ici appellent aussi le couac, à cause de son cri, un "couac" rauque et sec. Très faciles à observer, il est opportun ici de les décrire brièvement afin de mieux les identifier. Chez le Grand héron, tout est en longueur; le bec, le cou, les pattes et les ailes. Cet oiseau est presque totalement gris-bleu, à l'exception de la tête blanchâtre et des aigrettes noires. Le Bihoreau est de taille plus modeste et a, quant à lui, les joues et le ventre blanchâtres, les ailes grises ainsi que le dessus de la tête et le dos noirs. On le dit plutôt nocturne et il est fréquent de le voir circuler, seul ou en petits groupes, au crépuscule. Il est cependant normal de l'apercevoir en plein jour. Notons que le Bihoreau juvénile arbore un plumage différent, aux rayures grises-brunes dominantes. Nichant en colonies sur les îles ou en des endroits isolés de la côte ou du Haut-Pays (ex: lacs), ils viennent en bordure du littoral pour des raisons alimentaires. Selon la longueur de leurs pattes, ils marchent dans l'eau plus ou moins profonde à la recherche de proies, constituées surtout de petits poissons et de crustacés. Ils utilisent souvent la technique de la chasse à l'affût. S'immobilisant à proximité d'une étendue d'eau, ils attendent patiemment qu'une proie daigne se montrer et l'attrapent alors d'une détente fulgurante du cou. Les spécialistes Notre environnement maritime est exploité par plusieurs oiseaux dont le régime alimentaire est assez spécialisé. C'est le cas entre autres du Cormoran à aigrettes et de l'Aigle pêcheur, deux "pécheurs" professionnels. Le Cormoran capture son poisson en plongeant sous l'eau, à partir de la surface. Grâce à son bec long et crochu et à la puissante poussée de ses pattes palmées, il capture aisément Éperlans et autres petits poissons. Ses ailes relativement courtes facilitent la propulsion sous l'eau, mais l'obligent à courir sur l'eau pour s'envoler. Caractéristique inusitée pour un oiseau marin, l'absence de protection huileuse adéquate pour ses plumes l'oblige à se faire sécher, les ailes ouvertes sur un quelconque rocher, dés sa sortie de l'eau. L'Aigle-pêcheur (Balbuzard) attrape ses proies d'une façon différente mais toute aussi efficace. Volant à quelques dizaines de mètres d'altitude, son exceptionnelle acuité visuelle lui permet de détecter facilement une plie en eau peu profonde. Il plonge alors du haut des airs, pattes premières, et la capture. Se secouant en sortant de l'eau, il s'envole vers son nid pour déguster sa proie ou la partager avec ses jeunes. Un autre spécialiste, mais de la chasse aux petits mammifères, le Busard des marais, s'observe occasionnellement en vol plané au-dessus des champs et des battures herbacées. En milieu maritime, le rapide Faucon pèlerin chasse surtout les petits oiseaux de rivage, en migration, comme les Bécasseaux.
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