Chansons engagées, pour un pays espéré
Petite histoire du "Kanada", révisée
Y faisait beau c'matin là
y a un gars qui arriva
en bateau de là-bas
la Grande Hermine accosta
Ti-Jacques débarqua
une croix il planta
Y avait en sa compagnie
des gars forts en maudit
avec leurs femmes pi leurs p'tits
devant leur nouvelle patrie
chacun s'dit en d'dans de lui
c'est icitte qu'on s'bâti
Y avait aussi amené
des bonnes soeurs, des curés
pis un tas d'gros frisés
les gros on tout d'suite pensé
c't'une bonne place à vider
faut qu'nos poches soient ben bourrées
Mais les premiers ils s'inclinèrent
quand les anglais débarquèrent
pour nous faire la guerre
on est v'nu faire des affaires
à part ça on veut rien savoir
même si l'peuple est dans misère
Depuis qu'y sont arrivés
y ont toujours essayé
de nous assimiler
y ont d'mandé aux gros frisés
pis à leus cousins des USA
Pour tenter d'nous faire changer
Y en a en 1837
on dit nous autres on rouspète
y ont essuyé toute une défaite
en '7O ça s'répete
encore une fois c'est la retraite
ça marchera pas par la gachette
Pour se faire une nation
essayons d'une autre façon
par nos écrits pi nos chansons
pis on s'est dit ben voyons
faut s'poser la question
ça va être oui ou ben non
Enlève les gros frisés
les anglais, les appeurés
ça aurait été inversé
on a l'temps d'y repenser
la prochaine fois on va gagner
si on sait évoluer
Mais pour ça y a un prérequis
faut qu'on soit forts en maudit
avec nos femmes pi nos p'tits
dans une seule patrie
faut qu'chacun s'dise en d'dans de lui
c't'un pays qu'on s'bâti
Fais toi en pas mon gars
tu verras, on l'aura
fais-toi en pas mon gars
on l'aura c'pays-là
Inspirée par Félix
J'ai pour toi un pays de liberté,
de coutumes de langage colorés
j'ai pour toi un pays si unique
de coutumes de langage si typiques
Mais c'n'est point tout à fait ce qu'on pense
le parler y subit l'indifférence
mais ce n'est point tout à fait un pays
le parler y est plutôt incompris
J'ai pour toi un pays de gens fiers
d'hospitalité sans manières
j'ai pour toi un pays de gens qui t'invite
d'hospitalité sans limite
Mais de mémoire si fragile
et de volonté trop docile
mais de mémoire si fuyante
et de volonté trop changeante
J'ai pour toi des paroles sincères
qui me viennent du fond de ma terre
j'ai pour toi une musique dont les accords
me viennent d'un grand ténor
Mais ce ténor a quitté son île
parti pour son dernier exil
mais ce ténor nous a quand même laissé
un immense chant de fierté
Tu as pour toi un pays à libérer
de la honte des dominés
Tu as pour toi un pays à affranchir
de la peur et du délire
Ensemble on est capable de tout vaincre
mais il faut d'abord s'en convaincre
ensemble on est capable de tout accomplir
mais il ne faut pas qu'y réfléchir
On a déjà commencé l'affirmation
d'une terre qui deviendra nation
on a déjà commencé la renaissance
d'une terre qui deviendra puissance
un jour tu prendras la relève
d'ici là avec moi pour ce grand rêve
un jour tu prendras le flambeau
d'ici là ne salue qu'un seul drapeau
Charlebois, écoute ben ça
C'était dans le temps qu'on chantait en anglais
qu'on crachait des choses que personne comprenait
pi même quand on osait se risquer en français
ou c'était trop niaiseux ou personne comprenait
Ben sûr y avait les chansonniers
mais nous autres on voulait swigner
on cherchait des tounes faciles à jouer
pose pas d'questions, on veut s'amuser
Pis un jour y en a qui se sont enfin risqués
à écrire en français pis à le chanter
les mots étaient bizarres mais c'était rythmé
y en a qui s'faisaient drôlement regarder
C'était leurs propres chansons
finies finies les traductions
c'était leurs propres émotions
envoye, envoye augmente le son
Y a ben fallu s'y habituer petit à petit
mais ça donnait des tounes pas pire en maudit
plus qu'autrement on était pas mal surpris
sur de tel rythmes pouvoir raconter notre vie
Ca parlait d'amour et d'amitié
mais aussi du pays, de liberté
on se surprennait à danser
sur cette musique révoltée
Ca fait qu'c'qu'on chante asteure c'est pas si mauvais
j'te dis qu'on a pu les chansonniers qu'on avait
en rock, en jazz, en blues mais toujours en français
passe passe le message, tout l'monde s'y r'connait
Depuis qu'on a nos accords
le pays chante plus fort
c'est sûrement pas le hasard
si on est tous et toutes d'accord
Oui, oui, j'ai chanté ça à la Fête nationale
Avant d'être tout paqu'tés
que la flamme soit éteinte
laissez moi vous raconter
une petite complainte
C'est celle d'un pays
qui attend ses beaux jours
c'est celle de ma patrie
qui se cherche toujours
Peuple découvreur
t'étais même pas là le premier
Peuple défricheur
t'en as bûché pis labouré
Quand les vrais sauvages sont arrivés
en habits rouges de notre sang
on s'est retrouvés prisonniers
de nos peurs de leur argent
la loi prônait l'obéissance
aux nouveaux maîtres du pays
la foi cultivait l'ignorance
pis oublie pas de dire merci
Peuple oublié
des dentelles de Paris
Peuple dominé
salut bien bas ton ennemi
Nos bien-aimés patrons
étaient ben d'affaires
nous ont laissé nos maisons
pis toute notre petite misère
y ont ben vu qu'ça donnerait rien
de nous déménager
y s'rappelaient les Acadiens
ça serait ben trop compliqué
Peuple bon marché
attend ta récompense
Peuple exploité
reçoit ta pitance
La soutane on peut le dire
protégeait notre parler
y pas d'mal à entretenir
une clientèle si dévouée
marie-toi fais des p'tits
mais n'y prend point plaisir
t'as beau être en ostie
mais t'as pas le droit d'le dire
Peuple trop doux
accepte ta pénitence
Peuple à genoux
vis-là ton insouciance
Quand on a enfin compris
qu'on étaient considérés
qu'on soit gros ou petit
comme des esclaves civilisés
on a fini par accepter
qu'on était du monde
y en a qui se sont choqués
elle a commencé la gronde
Peuple réveillé
exprime ton impatience
Peuple redressé
reprends la ta confiance
Ca a brassé pas mal
dans les esprits les affaires
on étaient moins cannibales
on a sorti nos bannières
on s'est créé un pays
dans notre tête notre coeur
pis eux autres y ont compris
c't'ait fini l'temps des peurs
Peuple partout
refais connaissance
Peuple debout
fais-là ta délivrance
Ca fait qu'y sont poignés
veux veux pas avec nous autres
y peuvent pu nous écraser
c't'eux autres en bas de la côte
mais nous on les accueille
on f'ra pas les sauvages
mais si y plient pas leur orgueil
y plieront leu's bagages
Peuple décidé
t'as p'us la langue dans la poche
Peuple respecté
t'as p'us la tête dans la roche
Pis à ben y penser
on va aller jusqu'au bout
on va s'affirmer
une bonne fois pour toute
on va s'faire un vrai pays
on a la force et la fierté
mais faut garder à l'esprit
qu'on était pas les premiers
Peuple libéré
reconnais ton nouveau pays
Peuple transformé
fête ta nouvelle vie
Encore la mémoire...
Y prennent le thé l'après-midi
mais un jour y sont venus
T'en souviens-tu?
nous prendre notre patrie
y nous sont tombés d'sus
T'en souviens-tu?
Y ont décidé de nous garder
mais on s'est vite aperçu
c'tait comme bétail à deux pieds
qu'y nous ont entretenu
T'en, t'en, t'en, t'en, t'en souviens-tu?
Les Anglais dirigeaient tout
tous les détails du menu
y des moutons qui gobaient tout
licher des blocks ah quel beau but
Un jour du fond de leur misère
les nôtres ont dit on en peut pu
y leu's ont fait toute une guerre
les ont quasiment tou't pendus
T'en, t'en, t'en, t'en, t'en souviens-tu?
Ton père travaillait pour eux autres
les dents serrées le dos fourbu
T'en souviens-tu?
faut pas dire un mot plus haut qu'l'autre
sinon t'es dans la rue
T'en souviens-tu?
Mais quand la reine fut menacée
par le nazi moustachu
y nous ont même obligé
à traverser y botter le cul
T'en, t'en, t'en, t'en, t'en souviens-tu
On commençait à s'réveiller
sont venus chercher nos plus vendus
au pouvoir y les ont installés
y ont continué à nous chier dessus
Durant ces jours d'octobre si tristes
c'tait la folie du FLQ
y nous pensaient tous terroristes
y étaient contents de nous varger dessus
Tu, tu, tu, tu, tu comprends-tu?
Quand on s'est posé notre question
très gentils y sont devenu
T'en souviens-tu?
y voulaient qu'on dise non
y voulaient pas qu'on soient perdu
T'en souviens-tu?
Deux ans après ça ben changé
le nez pointu la bouche crochu
leur ont signé un beau papier
mais sans qu'nous autres on soient dessus
Tu, tu, tu, tu, tu comprends-tu?
Veulent signer un autre papier
y disent nous souhaiter la bienvenue
mais attend qu'on soient calmés
y vont encore nous taper dessus
Y s'rait ben temps d's'apercevoir
au point où on en est rendus
tout c'qu'y veulent c'est notre territoire
mais pas avec nous autres dessus
Tu, tu, tu, tu, tu comprends-tu?
Ça te rappelle quelque chose ?
Oke Hanada, terreur de nos aïeuls
ton front est plein de pleurs et d'odieux
car ta loi sait porter l'épée
elle sait hausser la croix
ton histoire est une éclopée
des plus braillants exploits
et ta valeur de sang trempée
dégradera nos foyers et nos droits
dégradera nos foyers et nos droits
Tout dépend du point de vue...
Où sont passées tes belles forêts?
Où sont passés tes grands marais?
Où est passé ton fleuve si pur?
Où s'en va cette nature?
Depuis qu'les blanc sont arrivés
mon pays est tout chaviré
depuis c'est pu comme avant
tout est en train de sacrer l'camp
Où est passé ton beau pays?
Où sont passés tous tes amis?
Où est passé ton frère le loup?
Où s'en va le caribou?
Depuis qu'les blancs sont arrivés
nos amis des bois sont massacrés
le pire c'est que ben souvent
c'tait pour le trophée ou pour l'argent
Où sont passés tous tes outils?
Où est passé ton mode de vie?
Où est passé ton dieu la lune?
Où s'en vont tes belles coutumes?
Depuis qu'les blancs sont arrivés
qu'est-ce qu'y nous ont pas garoché
leurs prestations pis leurs robes
leurs soutanes pis leurs microbes
Où sont passés tous tes frères?
Où sont passés ces hommes fiers?
Où est passée ta femme si forte?
Où s'en va l'enfant qu'elle porte?
Depuis qu'les blancs sont arrivés
on s'est presque tout fait volé
dans les p'tits villages y nous tassaient
y ont appelé ça signer la paix
Attends que j'me rappelle.
Tu nous as parlé d'identité
Tu as cherché l'égalité
Tu as rêvé de liberté
tu nous as laissé une fierté
laisse nous la retrouver
laisse nous la réveiller
laisse nous continuer
laisse nous y arriver
On se reconnaît?
C'est sûr que tu t'fais jouer dans le dos
comme ça pas l'air de t'déranger
attention tu vas finir en tricot
y t'restera juste à grelotter
C'est sûr tu broutes sans dire un mot
ben trop tannant de se questionner
attention tu vas finir en gigot
même ta gagne est prète à te bouffer
C'est sûr que le chien surveillant
sait comment s'occuper d'toué
y te fait pisser en montrant ses dents
y t'as appris à t'incliner
C'est sûr c'est sûr que tu le comprends
t'as pas eu l'choix d'capituler
y a la langue anglaise ou en encens
d'mande y surtout pas de bêler
T'es né suiveux
c'est jamais d'ta faute
un brin chialeux
toujours à cause des autres
Tu te défends pas trop difficile,
ça dérange pas de rester docile
C'est sûr que pour rester dans l'troupeau
faut être doué pour imiter
si y sautent tous dans un fourneau
vas-tu les suivre sans hésiter
C'est sûr c'est sûr y en arrive des nouveaux
que tu r'gardes s'installer
veulent pas bêler c'est trop nono
plus payant d'apprendre à japper
C'est sûr qu'on t'a justement choisi
comme le symbole incontesté
d'un p'tit enclos qui s'prétend un pays
pas capable de s'déclôturer
ton bien-être est sans compromis
ta barrière bien protégée
même par ceux que t'appellent tes amis
ce s'rait pas ça faire fourrer
C'est sûr c'est sûr ton père bêlait
mais t'en es pas obligé
essaye donc voir si tu grognais
tout d'in coup qu'ça pourrait marcher
C'est sûr c'est sûr que tu pourrais
sortir de ton p'tit carré
tu peux tu peux si tu voulais
devenir une bête libéré
C'est sûr qu'en dessous de ta peau
y en a peut-être une seconde
gêne toi pas ouvre ton enclos
ben oui t'es aussi du monde
C'est sûr qu'y va en avoir du boulot
faut pas t'ais peur faut pas qu'tu comptes
que tu tournes plus jamais le dos,
faut la dominer ta honte
C'est sûr si t'arrives à t'réveiller
qu't'arrêtes de flatter ta bedaine
tu vas sûrement finir par trouver
que t'es un loup pas si kétaine
C'est sûr le pitt bull va s'écraser
ou se sauver à perde haleine
mais pour ça faut qu't'arrête de t'cacher
derrière ton p'tit manteau de laine
T'es né suiveux
pas forcé de l'rester
un brin chialeux
profite-en pour changer
Laisse toi pas faire
on va comprendre
qu'un nouvel air
t'as fini par apprendre